La révolution française est un événement majeur sur le plan politique et social : on voit en effet l’aboutissement de mouvements culturels, politiques (ex : les Lumières) ainsi que le début de réflexions sur la construction d’un ordre politique autour de l’idée de nation. On observe aussi l’émergence de principes constitutifs de la modernité politique : presse d’opinion et liberté d’expression par exemple.
– “Mais c’est une révolte ?
– Non, Sire, c’est une révolution”.
➝ Révolution : un changement brusque de régime par le soulèvement de la population ou d’une partie.
➝ Révolte : révolution qui n’aboutit pas.
1789-1792 : l’affirmation de valeurs nouvelles :
La crise de l’ancien régime :
➝ Crise financière :
Les dépenses de l’État sont supérieures aux revenus (beaucoup de dettes) ce qui crée un déficit impossible à combler. En plus des dettes, les dépenses militaires ont augmenté à cause de la guerre d’indépendance des États-Unis : la France avait été d’une grande aide militaire.
➝ Crise économique :
Les récoltes sont faibles suite aux aléas climatiques. Du fait de ces mauvaises récoltes, les prix augmentent et la population n’a plus les moyens de se nourrir. Le mécontentement se propage dans tout le royaume.
➝ Crise sociale :
La société d’ordre est beaucoup critiquée à cause de ses inégalités : la population aspire à plus de liberté. Ces critiques vont mener à la remise en cause de l’absolutisme.
Pour trouver une solution à cette crise, le roi Louis XVI demande la rédaction des cahiers de doléances pour chaque ordre et convoque des états généraux du royaume.
Les états généraux sont une assemblé composée de représentants de trois ordres : noblesse, clergé et tiers état. Aux états généraux, le vote s’effectue par ordre et non par tête. Ceci fait que le clergé et la noblesse votent ensemble pour bloquer le tiers état alors que la population est composée :
Les 4 et 5 mai 1789, les états généraux ouvrent à Versailles (présence du roi et des 3 ordres). Lors de cette assemblée, le tiers état demande à instaurer un vote par tête car s’il était instauré, ce dernier aurait une chance d’avoir un certain pouvoir politique. Cette demande est refusée par les états généraux.
Le 17 juin 1789, face au refus des réformes, les députés du tiers état se proclament assemblée nationale : ils estiment représenter la majorité de la population. À partir de cet instant, la souveraineté s’affirme dans le peuple et la France devient une souveraineté nationale. Pour le roi, ceci correspond à l’usurpation de la souveraineté. Le tiers état se réunit dans la salle du jeu de Paume.
Le 20 juin 1789, l’assemblée nationale effectue le Serment du jeu de Paume et marque ainsi la fin de la monarchie absolue. Les députés jurent :
C’est la fin de l’Ancien Régime.
L’affirmation de nouveaux principes :
La révolution politique devient sociale : Necker, un ministre considéré trop proche du tiers état, est renvoyé de son poste. Cette décision met en colère le peuple et mène à la prise de la Bastille, considérée comme un symbole de l’arbitraire royal.
Le 14 juillet 1789, c’est la prise de la Bastille. De Launay, le dirigeant de celle-ci, est assassiné et planté sur un pique. Une milice citoyenne se forme : la garde nationale avait La Fayette à sa tête. Cette milice est chargée du maintien de l’ordre à Paris.
Suite à la Bastille s’installe la Grande Peur. Des rumeurs de violences et de pillages dans les campagnes, la crainte de la sauvagerie de la population mènent à la fuite des campagnes. Les seigneurs sont massacrés par les paysans effrayés.
La nuit du 4 août 1789 se produit l’abolition des privilèges : sous la pression populaire, les nobles et les membres du clergé acceptent. C’est la fin de la société d’ordre, tous les français sont égaux.
Le 26 août 1789, c’est la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen composée de 17 articles, posant les fondements juridiques de la nouvelle société française en exprimant de nouveaux principes. On retrouve des principes empruntés aux Lumières comme : l’affirmation des droits et les libertés de tous les Hommes, la disparition des inégalités de l’Ancien Régime et la séparation des pouvoirs.
En un été, à l’issue de la révolution politique puis populaire, les nouvelles bases de la France sont posées : plus de monarchie de droit divin. Les sujets deviennent des citoyens et la souveraineté nationale est reconnue.
La fin progressive de la monarchie
Le 14 juillet 1790, fête de la Fédération. La nouvelle union nationale dans la monarchie constitutionnelle s’incarne dans une nouvelle devise : “Egalité, union, liberté”.
Le 20 avril 1792, c’est la déclaration de guerre contre l’Autriche (puis la Prusse) avec le soutien de Louis XVI. Le Roi soutient cette guerre dans l’espoir de fragiliser la révolution et de reprendre le pouvoir absolu.
➝ Composition de la Marseillaise en 1792
Les 21 et 22 juin 1792, le Roi tente de fuir à Varennes mais est reconnu et ramené au Palais des Tuileries. Sa fuite est considérée comme une trahison du peuple français et un non-respect de la Constitution.
Le 10 août 1792, le palais des Tuileries est pris par les sans-culottes et marque la fin de la monarchie constitutionnelle. Le Roi est déchu sous la décision de l’Assemblé Nationale, il ne règne plus. Il est ensuite emprisonné avec toute la famille royale à la prison du Temple à Paris.
Le 20 septembre, les français gagnent la bataille de Valmy : “la Nation en armes”.
Le 21 septembre 1792, la monarchie est abolie par la Convention nationale suite à un vote universel masculin.
Le 22 septembre 1792, la République est proclamée :
1792-1799 : la difficile stabilité politique :
Le Procès de Louis XVI : un moment-clé :
Le procès de Louis XVI dura du 10 au 26 décembre 1792 à la Convention. Louis XVI (appelé Louis Capet durant son procès) est mis face à 33 chefs d’accusation. On vote à la Convention sur plusieurs questions concernant Louis Capet :
Louis XVI est exécuté le 21 janvier 1793 place de la Révolution à Paris
➝ La mort du roi va mener à une radicalisation du processus révolutionnaire.
1793-1794 : la révolution se radicalise – la Terreur :
De nombreuses menaces planent sur la France révolutionnaire, des menaces intéreures comme extérieures :
Les Montagnards mettent en place la politique de la Terreur, une mesure d’exception non votée par les députés, qui a pour but de sauver la Révolution. Cette période de la Terreur durera de septembre 1793 à juillet 1794. Les Montagnards mettent en place un Comité de Salut public (➝ un gouvernement nommé par la Convention pour prendre des mesures rapides et faire face aux dangers qui menacent la République). Ce comité est constitué de 12 personnes, dirigées par Robespierre, et va suspendre la Constitution.
De nombreuses mesures sont mises en place par le Comité de Salut public :
Les 27 et 28 juillet 1794, Robespierre est arrêté et tué ce qui marque la fin du régime de la Terreur. La Convention devient alors thermidorienne (de ce nom car ce changement se produit durant le mois de thermidor, la Convention est dirigée par les thermidoriens).
Recherche d’un régime stable :
À partir de juillet 1794, la Convention thermidorienne gouverne la République. De nombreux thermidoriens viennent de la Plaine et sont donc plutôt modérés politiquement. Le 26 octobre 1795 est votée la nouvelle Constitution qui met en place un nouveau régime : le Directoire. Dans ce régime, 5 personnes sont au pouvoir : des directeurs. C’est un pouvoir collégial.
Le suffrage censitaire est rétabli car les politiciens ont peur de l’influence du petit peuple, surtout celui de Paris.
➝ La République est bourgeoise et profondément inégalitaire.
Le Directoire est énormément critiqué : les Jacobins (à gauche) sont nostalgiques de 1793 alors que les royalistes (à droite) veulent une monarchie.
Le Directoire poursuit la guerre et la République est conquérante en Europe : les républiques sœurs sont fondées et les territoires annexés deviennent français.
➝ Coup d’État de Napoléon Bonaparte le 9 novembre 1799, c’est la fin du Directoire.
L’ordre napoléonien en France et en Europe (1799 – 1815) :
Un ordre politique autoritaire :
Un nouveau régime est mis en place avec la Constitution de l’an VIII : le Consulat. En théorie, les pouvoirs sont divisés entre les mains de 3 consuls mais en réalité, Bonaparte a tous les pouvoirs : les deux autres consuls (lui étant le 1er) n’ont qu’un pouvoir consultatif.
➝ En 1802, Bonaparte devient consul à vie après un plébiscite.
Le 18 mai 1804, Bonaparte se fait proclamer Empereur. Il se fait sacrer le 2 décembre 1804 par Pie VII à Paris sous le nom de Napoléon 1er.
C’est le début de l’Empire.
Dans son processus d’affirmation en tant qu’Empereur, Napoléon reprend de nombreux symboles de la monarchie et concentre aussi tous les pouvoirs. On se demande donc, Napoléon a-t-il été le fossoyeur ou le sauveur de la Révolution française ?
La diffusion des principes révolutionnaires :
Napoléon utilise la guerre comme moyen de diffuser les idées et valeurs issues de la Révolution française dans les autres pays européens, la plupart du temps, sous monarchie. En effet, à partir de 1792, les guerres permettaient de diffuser les principes révolutionnaires (comme la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen).
Depuis 1792, la France s’étend et l’Empire poursuit cette période d’expansion à partir de 1805 (après une courte période de paix). L’Empire connaît de nombreuses victoires face aux puissances européennes (Austerlitz, Iéna, Eylau, Wagram, Friedland) mais aussi des défaites (face à l’Angleterre : Trafalgar). Dès 1792, la France impose aux territoires conquis des réformes politiques et administratives : le Code civil (appelé Code Napoléon à partir de 1807) est mis en place dans tous les territoires.
L’Empire est donc considéré comme un moyen de poursuivre et d’étendre la Révolution française, mais il y a tout de même de nombreuses critiques suscitées par l’occupation française et la capacité de résistance des autres nations européennes.
Les résistances européennes :
Les zones vaincues sont pillées pour soutenir la Grande Armée. Des rebellions éclatent dans les pays conquis mais Napoléon impose ses frères au pouvoir des différents États vassaux (par exemple son frère Joseph qui est roi d’Espagne).
Dans de nombreux territoires, Napoléon est représenté comme le diable, Satan, ce qui renforce le sentiment national de la population.
➝ La campagne de Russie symbolise le tournant et le déclin de l’Empire en 1812.
Napoléon lance une offensive contre les Russes en 1812 (pour non-respect de certains engagements commerciaux de la Russie) et la Grande Armée réussit à se rendre jusqu’à Moscou. Mais la ville est ravagée par un incendie ce qui force l’armée napoléonienne à fuir. Les français se repliant en plein hiver, les pertes sont énormes.
Les souverains européens forment une coalition et parviennent à repousser les Français et à vaincre Napoléon à Leipzig en 1812. Paris est prise par les Alliés en 1814 ; Napoléon signe son abdication et est exilé sur l’île l’Elbe en avril.
Il s’échappe et tente de reprendre le pouvoir durant les Cent-jours. Il perd cette fois-ci à Waterloo en juin 1815. L’Empereur est déchu, c’est la fin du régime impérial. Il est exilé à Sainte-Hélène et y meurt en 1821, 6 ans après avoir été exilé.